8 septembre 2021
8 septembre 2021
Temps de lecture : 3 minutes
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Covid-19 : pourquoi le traitement développé par SpikImm est prometteur

La BioTech SpikImm, fondée il y a quelques mois par Truffle Capital sur la base de travaux de l’Institut Pasteur, affirme que son traitement contre le Covid-19 à base d’anticorps monoclonaux est efficace sur les animaux. L’essai clinique, qui aura lieu en 2022, aura pour but de confirmer la robustesse du traitement contre les variants du Sars-CoV-2.
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Sam Moqadam

La course aux traitements contre le Covid-19 est pleine de surprises. Alors que certaines des BioTech françaises sur lesquelles se fondent les espoirs n’ont eu d’autre choix que de renoncer, faute d’efficacité de leur produit, d’autres acteurs naissent à partir de nouvelles recherches. SpikImm est de ceux-là. Cette startup a été créée en avril 2021 par la société de capital-risque Truffle Capital, sur la base de travaux menés au sein de l’Institut Pasteur. Et la jeunesse de l’entreprise n’en fait pas un outsider. Le traitement SPKM001, composé d’anticorps monoclonaux, aurait donné de bons résultats lors d’essais pré-cliniques sur des animaux. Mieux : son mécanisme d’action lui permettrait de neutraliser la souche originelle du virus… comme les variants qui lui ont succédé – du moins, jusqu’au Delta. C’est ce qu’affirme la société ce jeudi 8 septembre.

Moins cher à produire et facile à administrer

Alors que le Covid-19 semble s’installer dans la durée, les professionnels de santé auront besoin de traitements pour soigner les patients. D’autant plus si les vaccins administrés à l’essentiel de la population devaient se révéler inefficaces face aux variants qui émergent à intervalles réguliers. Le principe des anticorps monoclonaux repose sur la capacité à identifier le virus du Sars-CoV-2 sur la base de sa protéine Spike – celle qui lui permet de pénétrer à l’intérieur des cellules. Le traitement SPKM001 agit directement sur cette dernière pour empêcher l’infection, ce qui a pour effet de provoquer une baisse de la charge virale chez le patient… qui élimine le virus et guérit donc plus vite. Comme la plupart des traitements développés dans l’Hexagone, il s’agit de prévenir l’aggravation de la maladie dès les premiers symptômes. De quoi redonner un peu d'air aux hôpitaux.

Directeur du laboratoire d’immunologie humorale à l’Institut Pasteur, Hugo Mouquet a jugé, dans un communiqué, que "contrairement aux thérapies par anticorps les plus avancées, SPKM001 a démontré une neutralisation puissante et à large spectre contre Sars-CoV-2 et ses différents variants pathogènes" . En s'attaquant à un élément clé de la protéine Spike, qui ne semble pas se modifier mutation après mutation, le traitement devrait rester efficace à long terme. Et là n’est pas son seul atout. Les candidats-médicaments au stade clinique le plus avancé en France reposent sur des anticorps polyclonaux – comme celui développé par Xenothera, dont la mise sur le marché pourrait intervenir dès la fin 2021. En matière de coûts, ces derniers sont moins intéressants sur le papier. Les anticorps polyclonaux sont complexes à fabriquer et une perfusion est requise pour les administrer au patient, quand une injection sous-cutanée à la seringue suffit pour les monoclonaux.

"Les ‘super-anticorps’ à large spectre développés par SpikImm pourraient constituer un outil majeur dans le traitement et la prévention du Covid-19, car SpikImm développe une forme à longue durée d’action et une voie d’administration compatible avec une prise en charge ambulatoire" , a réagi par voie de communiqué Karine Lacombe, cheffe du service des maladies infectieuses à Saint-Antoine (Assistance publique-Hôpitaux de Paris). Les résultats de l’étude pré-clinique feront, d’après SpikImm, prochainement l’objet d’un article dans une revue scientifique internationale.

La BioTech ambitionne de lancer ses premiers essais cliniques "dès 2022 en Europe, aux États-Unis et au Brésil". "SpikImm n’exclut pas la possibilité d’un partenariat stratégique, qui pourrait encore accélérer le développement SPKM001 et permettre aux patients d’accéder plus rapidement à cette thérapie innovante" , a aussi indiqué son président, Philippe Pouletty, par ailleurs médecin et directeur général de Truffle Capital. Pour rappel, les anticorps monoclonaux des laboratoires américain Eli Lilly et suisse Roche ont reçu des autorisations temporaires d’utilisation en France.