On ne voit bien qu'avec la data, l'essentiel est invisible pour la caméra. Ce pourrait être la devise de Parkoview, qui annonce ce mercredi avoir rassemblé 1,8 million d'euros auprès de Demeter. La startup a développé un système de capteurs et d'analyse d'image en local, sans qu'aucune image ne soit enregistrée. "Cela s'appelle l'edge computing : les données sont envoyées aussitôt après avoir été récoltées, ce qui évite l'enregistrement des images", explique Jean-Baptiste Poljak, fondateur de la pépite. Plusieurs avantages à cela : d'abord, les capteurs sont peu énergivores, au contraire des caméras ; ensuite, les citoyens n'ont pas à se soucier d'un fichage quelconque : toutes les données sont, par essence, anonymes puisqu'il n'est pas possible au capteur de reconnaître un visage ou une plaque d'immatriculation ; enfin, à la différence des caméras, ces capteurs ne nécessitent pas d'autorisation préfectorale pour être installés.

Parkoview fonctionne comme un transmetteur de données, se chargeant de rassembler et structurer les données issues de ses capteurs. Et la startup vend cette masse de données aux collectivités ou aux entreprises privées. Mais elle n'a pas développé sa propre plateforme d'analyse, préférant "chercher des partenaires selon les cas d'usage". Car ils sont nombreux ! "Détecter des voitures mal garées, des encombrants déposés là où ils ne devraient pas l'être, calculer une densité de piétons dans une certaine zone ou la fréquentation d'un bus...", liste Jean-Baptiste Poljak. Pas question en revanche de lorgner sur le secteur de la sécurité. "C'est un autre métier, qui exige d'obtenir les autorisations de la Cnil pour enregistrer des visages ou des plaques d'immatriculation. Ce n'est pas pour nous !"

Plus de 1000 capteurs déployés

Les agglomérations et leurs partenaires ont bien compris l'intérêt de la technologie. La startup se félicite d'avoir déjà déployé quelque 1000 capteurs, principalement dans des villes et des centres commerciaux. Elle planche sur un projet de 300 capteurs dans le centre-ville d'Orléans, qui permettront notamment de mieux évaluer la fréquentation des bus, afin d'optimiser le réseau de transports.

Pour répondre à "des cas d'usage toujours plus complexes et nécessitant des développements importants" mais aussi à une demande accrue provenant de pays étrangers, la startup n'avait pas d'autre choix que de lever pour accélérer sa croissance. Avec, en ligne de mire, plusieurs recrutements pour tripler ses effectifs - les portant ainsi à une quinzaine de personnes - mais surtout donner la possibilité à ses capteurs de s'enrichir de nouvelles fonctionnalités, comme l'analyse de bruit ou de l'air, afin de multiplier les cas d'usage... et les retombées financières.