Ledger, Sorare, Arianee, The Sandbox... Elles sont, toutes à leur niveau, devenues des références françaises de l'écosystème blockchain et plus largement du Web 3, dont la promesse est de "proposer une forme d’indépendance, de liberté et de confidentialité aux internautes" , comme l'a expliqué, à Maddyness, Alexis Majos, investisseur spécialisé dans la FinTech et la Blockchain chez Speedinvest.

Si les entreprises françaises et européennes ont constaté que le Web 1, en schématisant, était l'apanage d'IBM et le Web 2 celui des Gafam, elles ne veulent pas laisser passer les opportunités promises par les VRP du Web 3, autour des fameux NFT. En ce sens, une cinquantaine d'acteurs du numérique, startups mais aussi groupes traditionnels (Allianz Accelerator et Galeries Lafayette Group), viennent de lancer la "NFT Factory" .

Expositions, conférences et accompagnement de startups

Derrière cette société, des entrepreneurs, investisseurs, artistes ou consultants qui portent l'objectif de mieux faire connaître au grand public l'univers des objets numériques certifiés, qui restent un domaine d'initiés. Mais aussi de proposer des conférences et des sessions de formation pour les entreprises, dont des grands groupes, ainsi qu'un espace de coworking pour les artistes et les entrepreneurs. Interrogée pour savoir si cet accompagnement prendrait la forme d'un incubateur, Lucie-Éléonore Riveron, co-fondatrice de cette structure, a indiqué que "la NFT Factory a bien évidemment vocation à accompagner les startups qui voudraient lancer des projets dans le Web3" , sans donner plus de précisions.

La montée en puissance de ce projet, qui a pour ambition de construire et connecter l'écosystème français des NFT, se déroulera en trois temps.

En mai, un programme d’adhésion par l’achat d’un NFT, donnant un accès prioritaire aux différents événements de la NFT Factory ainsi qu’à des ventes, sera lancé. Le prix n’est pas encore fixé mais devrait être de quelques centaines d’euros, selon Le Monde. Une collection de mille NFT créée par le collectif Obvious sera produite pour l’occasion. En juillet sera organisé un événement de deux jours à Paris, la NFT Pop Up Factory, avec une exposition, des conférences et des sessions de formation.

Enfin en septembre, se déroulera l'inauguration d'un lieu de 400 m2 "au cœur de Paris" - sans révéler l'endroit précis. Cet établissement comprendra notamment une galerie accueillant des expositions régulières et un espace événementiel pour des rencontres. NFT Factory indique également que l'on pourra y acheter des NFT.

"On a une opportunité historique en France car dans l'univers des NFT plusieurs leaders mondiaux sont Français" , indique John Karp, président de NFT Factory, citant les exemples de Sorare (jeu en ligne d'échange de vignettes de footballeurs reposant sur les NFT) ou Ledger (clefs sécurisées pour cryptomonnaies), jeunes pousses déjà valorisées à plusieurs milliards d'euros. "Si cela se passe bien et se développe comme on le pense, certains d'entre eux vont devenir les GAFAM (géants américains de la tech, NDLR) de la nouvelle vague. Il faut donc fédérer dès maintenant l'ensemble de cet écosystème pour garder cette avance (...) et ne pas se faire dépasser – cela est déjà arrivé dans d'autres secteurs – par les Américains ou les Chinois" , ajoute-t-il.

Les NFT – "non-fungible tokens" , jetons non fongibles en français – sont des certificats d'authenticité et de propriété infalsifiables, basés sur la technologie des chaînes de blocs (blockchain), la même que celle qui authentifie les transactions d'échanges de cryptomonnaies. Quasiment inconnus il y a encore un an, ils sont devenus des lots incontournables des grandes maisons de vente, comme Christie's qui a vendu une œuvre numérique de l'artiste Beeple pour la somme record de 69,3 millions de dollars, à New York en mars 2021. Quelque 2% des Français auraient choisi d'investir dans les NFT, d'après une étude réalisée par le cabinet de conseil KPMG sur commande de l'Association pour le développement des actifs numériques (Adan).