23 mars 2020
23 mars 2020
Temps de lecture : 3 minutes
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Crowdfunding : est-ce le moment de lancer sa campagne ?

La crise sanitaire et la fermeture d’entreprises mettent à mal le capital-risque. Si les investisseurs ont gelé leurs investissements pour se concentrer sur d’autres enjeux, les citoyens délaissent-ils, eux aussi, les sites de financement participatif?
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Au premier abord, la conjoncture actuelle ne semble pas avoir eu d'impact sur les campagnes de crowdfunding. Sur les pages d’Ulule ou de KissKissBankBank, les campagnes se poursuivent, le temps s’égraine et les montants semblent continuer à augmenter. Mais derrière l’écran, certains projets accusent le coup d’une morosité ambiante qui dépasse l’espace économique. “Il y a un phénomène de ralentissement dans les campagnes qui doivent être lancées. Pour celles qui sont en cours, certaines sont impactées, d’autres non” , explique Vincent Ricordeau, PDG et cofondateur de KissKissBankBank. 

Du côté des entrepreneur·e·s, l’inquiétude demeure aussi, “d’un point de vue économique bien sûr, concernant la survie de notre petite société naissante, confie Mathilde Guillier, fondatrice de Zèbre et Colibri, mais avant d’un tout d’un point de vue sanitaire” . Quand la santé devient la priorité, l’envie de “communiquer sur sa campagne”  n’est plus au rendez-vous, sans parler des soirées et autres événements organisés pour remercier les précieux donateurs et donatrices. 

Un impact différent selon les plateformes

La situation n’affecte pas de la même manière toutes les sociétés de financement participatif. Au sein de Goodeed, une plateforme qui permet de financer des organisations non gouvernementales en regardant des publicités (rachetée par KissKissBankBank et la Banque Postale en 2018), “il y a un ralentissement dans la concrétisation des campagnes mais leur business model est peu touché au final” , précise Vincent Ricordeau. Concernant Lendopolis, filiale de crowdequity de la Banque Postale, la situation est un peu plus complexe car la plateforme doit faire face à une double responsabilité envers les entreprises et les investisseurs.  “Nous sommes en pleine discussion avec nos communautés sur ce sujet. Il faudrait donner une période de deux mois aux entreprises pour laisser passer l’épidémie” , estime Vincent Ricordeau même si, pour le moment, aucune de celles de sa plateforme ne présente de difficulté. 

Et qu’en est-il de ses mêmes plateformes dont la santé économique dépend des commissions réalisées sur les participations? “Nous sommes une filiale de la Banque Postale donc nous sommes assez serein et solide, ce qui n'est pas forcément le cas des autres entreprises du secteur, qui risquent un cash burn assez important”  , poursuit le PDG et cofondateur de KissKissBankBank. 

Rallonger les campagnes

Que ce soit chez les entreprises de crowdfunding ou de crowdequity, l’adaptation et la flexibilité sont de rigueur. Dès le début de la crise, Ulule a envoyé un mail à ses Ululeurs proposant aux plus fragilisés de prolonger de quelques semaines leur campagne. Une solution dont a souhaité profiter Mathilde Guillier. “Nous avons préféré reporter de 15 jours la fin de notre campagne pour prendre un peu de recul, "s’habituer"  à la situation et réfléchir à comment présenter-aborder-communiquer peut-être autrement à ce qui était prévu” .  Même son de cloche chez KissKissBankBank qui a donné 30 jours supplémentaires aux entrepreneur·e·s qui en avaient besoin. 

Tudigo, qui permet aux particuliers d’investir dans des entreprises, a décidé de lancer une offre de prêt de 10 à 50 000 euros pour aider les TPE et les PME à faire face au ralentissement de l’économie. Les remboursements seront différés de 3 à 6 mois. 

Côté accompagnement, les rencontres et les ateliers sont souvent “transformés en événement online” , confie Ulule. Les outils numériques permettent aux équipes de poursuivre leur activité et de continuer à épauler les startups et les porteurs de projet. Comme pour le reste de l’économie, le crowdfunding s’adapte en attendant un retour à un climat plus apaisé et moins anxiogène.