Imaginé en 2007 et structuré en 2009, Impact Partners fait figure de pionnier dans l’investissement à impact. Focalisé sur la réduction des inégalités sociales, le fonds accompagne financièrement et humainement des entrepreneurs européens qui œuvrent pour une meilleure justice sociale. Localement, Impact Partners aide également la création de commerces franchisés dans les quartiers les plus fragiles via l’octroi de prêts participatifs. Maddyness s’est entretenu avec Mathieu Cornieti, président d’Impact Partners.

L’impact social au coeur de la thèse d’investissement

C’est après les émeutes de 2005 que Mathieu Cornieti a eu envie de s’investir pour une société plus juste. Investissant d’abord en tant que Business Angel, il a ensuite structuré une société de gestion à Paris en 2009. Aujourd’hui, la quatrième génération de fonds Growth est en train d’être déployée avec 25 investissements prévus avant fin 2023. Impact Partners détient 350 millions d’euros sous gestion, une soixantaine d’investissements à son actif avec sa stratégie de capital-développement et une cinquantaine d’employés répartis entre Paris, Francfort, Barcelone, Copenhague et prochainement Milan.

La justice sociale n’est pas le terme le plus courant dans l’univers des fonds d’investissement, mais elle est au cœur de la thèse d’investissement défendue par Impact Partners : "Nous pensons que l’entrepreneuriat peut aider à réduire les inégalités", commente Mathieu Cornieti. Le fonds identifie et accompagne les entrepreneurs à impact social ayant des solutions innovantes dans les secteurs de la santé, de l’éducation ou encore de l’économie circulaire. "Nous cherchons les entreprises qui ont la meilleure solution et nous les aidons à la dupliquer dans d’autres pays. Pour cela, il faut bien sûr comprendre les différences culturelles, fiscales, etc..", confie Mathieu Cornieti.

Impact Partners investit des tickets entre 1 et 15 millions d’euros dans des entreprises européennes en croissance où la rentabilité financière attendue se double d’un objectif d’impact social. "Nous misons sur des entrepreneurs matures, qui ont su grandir seuls et qui comprennent que nous pouvons leur apporter plus que des financements pour passer à la vitesse supérieure", commente Mathieu Cornieti.

Pour s’assurer de ne pas reléguer la performance sociale au second plan, le fonds l’a liée à son carried interest. Cela signifie que la commission de performance via laquelle il se rémunère dépend aussi de la performance sociale. Cette dernière est notamment mesurée par la création d’emplois pour les publics fragiles. "Si nous n’atteignons pas nos objectifs en termes de performance sociale nous reversons tout ou partie du carried interest à des associations", ajoute Mathieu Cornieti.

Cinq nouveaux investissements dans quatre pays d’Europe depuis septembre 2022

Le fonds 4 a déjà réalisé une vingtaine d’investissements dont la moitié en France. Cinq nouvelles participations ont été annoncées depuis septembre 2022 dont deux françaises : Satelia, la plateforme de télésurveillance médicale pour les maladies chroniques accessible à tous les patients et Eurekam, le spécialiste de la préparation sécurisée des poches de chimiothérapie.

Les autres investissements ont été réalisés en Autriche avec SAVD, une plateforme d’interprétariat pour les services publics à destination des réfugiés, en Allemagne avec BAS, une solution de suivi médical et de gestion de la sécurité au travail pour les ouvriers et en Espagne avec Plastic Repair System, un inventeur de la soudure sur plastique et leader de la réparation de palettes plastiques dans l’industrie.

Une culture européenne sensible aux inégalités sociales mais pas (encore) structurée pour y faire face

"Nous voulons construire une Europe sociale par l’entrepreneuriat", déclare Mathieu Cornieti. "En Europe on adore montrer nos différences entre pays, mais en réalité, partout en Europe, les citoyens sont sensibles aux inégalités, bien plus qu’aux États-Unis par exemple", poursuit-il.

Pour autant, Mathieu Cornieti déplore que sur l’aspect réglementaire, la taxonomie européenne ne se résume finalement qu’à l’aspect environnemental. "Limiter le réchauffement climatique est un enjeu majeur mais il faut aussi s’y adapter et cela passe par la cohésion sociale", conclut-il.