Parmi toutes les startups à impact françaises, 27 % ont été fondées ou co-fondées par des femmes. C’est le résultat de la première étude sur l’entrepreneuriat féminin dans ce domaine, réalisée par l’accélérateur de croissance et le mouvement d’innovation au féminin, Journée de la femme digitale (JFD). Une enquête intitulée " Invest in her " et publiée ce 8 mars, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes.

Elle révèle également que, parmi les 1.008 startups à impact créées ces cinq dernières années, 34% l’ont été par des femmes : " Cela montre que l’entrepreneuriat féminin augmente dans ce secteur ", souligne Delphine Remy-Boutang, la fondatrice de JFD, qui a noué un partenariat avec le cabinet de conseil EY et France Digitale pour réaliser cette étude. 83 % des entrepreneuses ont toutefois cofondé leur startup, et 80 % l’ont fait avec un homme. Pour la fondatrice de JFD : " elles ont compris que la mixité et la diversité était une force. " .

98 % des investissement dirigés vers les hommes

Si l’accélérateur de croissance s’est intéressé à ce domaine, c’est parce qu’il séduit de plus en plus les investisseurs. Les financements y ont, en effet, augmenté de 50 % entre 2018 et 2019, en France. Passant ainsi de 300 à 450 millions d’euros. " L’engagement croissant des femmes laisse entrevoir, à terme, une représentation féminine plus grande au sein de la tech française. Et de véritables opportunités pour les investisseurs ", estime d’ailleurs Delphine Remy-Boutang.

Les femmes se distinguent souvent dans les domaines tels que l’économie circulaire ou la consommation. C’est le cas de Lucie Basch, par exemple, qui a développé l’application Too good to go, permettant de récupérer les invendus alimentaires des commerçants. Julie Davico-Pahin fait elle aussi partie des entrepreneuses les plus connues pour la création d’Ombrea, spécialisée dans l’agrivoltaïsme, qui met au point des solutions pour protéger les cultures des aléas climatiques.

Les femmes se tournent aussi davantage vers le social ou l’environnement. La majorité des projets qu’elles portent sont liés à l’éducation ou l’inclusion. Sur les 15% de startups de l’échantillon, ayant un impact social, 42% sont portés par des femmes, par exemple. " Elles entreprennent dans des secteurs de plus en plus variés et fortement ancrés dans notre quotidien. Cela témoigne de leur volonté de peser dans les grands débats de société. Il s’agit d’une tendance de fond qui doit être soutenue ", estime Emmanuelle Ratsimialavahoaka, Senior Manager Audit EY.

" Tous les chemins mènent à l’entrepreneuriat "

Pour autant, il reste encore du chemin à parcourir. " Le financement est un véritable défi pour les entrepreneuses. Encore aujourd’hui, 98 % des investissements sont dirigés vers les hommes ", indique Delphine Remy-Boutang. Selon elle, l’éducation a d’ailleurs un rôle à jouer pour augmenter la représentation des entrepreneuses. " Il faut des rôles modèles. Les profils scientifiques et d’ingénieurs peuvent créer des sociétés innovantes. Tous les chemins mènent à l’entrepreneuriat mais il y a encore trop d’idées reçues à ce sujet ", assure-t-elle.

Pour Maya Noël, directrice générale de France Digitale, " il est, en effet, essentiel de continuer à renforcer l’attractivité des carrières scientifiques dès le plus jeune âge, car l’éducation dans ces filières constitue un important levier d’accélération de la représentation des femmes dans la tech. ".