243 %, c’est l’évolution du nombre d’incubateurs dans le monde, entre 2009 et 2018, passant donc de 590 à 2616. Et la France est une terre plutôt fertile puisqu’on compte pas moins de 400 incubateurs sur le territoire, majoritairement en Île-de-France. Alors, si l’incubateur est devenu une structure iconique de l’innovation et de l’entrepreneuriat, qu’est-ce qui le distingue au juste des accélérateurs ou des startups studio par exemple ?

Marylène Vicari, cofondatrice du tiers lieu Liberté Living Lab (LLL), explique : "Un incubateur classique accompagne les startups dans la structuration de leur business plan, dans leurs tentatives de levées de fonds, dans la préparation de leur pitch deck et dans le marketing de leurs offres. Au LLL, nous mettons également au service de nos résidents les capacités que nous avons développées en interne, d'une part des expertises techniques telles que le design et l'IA, d'autre part des profils seniors pour soutenir les expérimentations et le cas échéant la pénétration de deux marchés clés : la santé et  l'agriculture".

Chaque lieu propose ainsi différents services, qui dépendent de la mission que s’est donnée l’incubateur.

Comment monter un incubateur ?

Le Liberté Living Lab est donc, pour sa part, un tiers lieu d’innovation à impact qui regroupe un incubateur et un accélérateur baptisé Tekhnè et le programme Shift Lab. Ce dernier encadre notamment la recherche et l’expérimentation autour de la convergence entre performance économique et impact social et environnemental.

Le projet se démarque donc dès le départ des incubateurs traditionnels, puisqu’il prend la forme d’une association labellisée fonds parisien pour l’innovation, qui peut ainsi accompagner des projets early stage, souvent portés par des étudiants issus de grandes écoles.

"Pour monter un incubateur, il faut d’abord répondre à deux questions essentielles : quelle est votre cible, et qu’est-ce que vous voulez lui apporter pour l’aider à se développer?". Marylène Vicari poursuit son analyse : "On monte ensuite un incubateur avec une pluralité de compétences, de profils et de réseaux. L’incubateur ne doit pas être conçu comme un environnement vertical, ni même thématique, car toutes les filières doivent dialoguer et se répondre entre elles.". Il n’y a donc pas de méthode prédéfinie pour monter un incubateur. Il faut avant tout identifier ses besoins et ses envies. Car le lieu, suivant qu’il s’adresse aux startups, PME, grands groupes ou institutions, qu’il porte des projets en phase de maturation ou en levées de fonds, prendra des formes bien différentes.

La valeur de l’incubateur

L’incubateur est encore aujourd’hui la colonne vertébrale de l’innovation. C’est le lieu idéal pour tester, échouer et se relever plus fort afin de faire passer son business à l’échelle. Son rôle est de porter les innovations de demain, tout en créant les connexions nécessaires entre entrepreneurs et fonds d’investissement pour passer rapidement de l’idée à l’industrialisation.

"La vraie valeur des incubateurs est d’articuler et d’inventer, dans un écosystème de valeur en pleine mutation, de nouvelles formes de gouvernance et de nouveaux modèles d’entreprise. Ce qui, finalement, me semble beaucoup plus important que la valeur technique, à savoir apprendre à faire un business plan ou un pacte d’associés", conclut la cofondatrice du Liberté Living Lab. Preuve que l’incubateur n’est pas seulement à l’avant-garde technologique, mais qu’il est aussi le lieu où de nouvelles formes d’organisations prennent vie.