" Nous saluons la continuité de l’engagement européen en faveur du financement des écosystèmes de startups. Mais selon nous, le sujet de l’investissement n’est pas le seul ", souligne Guillaume Buffet, président de U Change et administrateur Numeum. Cette organisation professionnelle du numérique vient de soumettre des mesures visant à consolider l’écosystème européen des startups et des scaleups en se rapprochant de son homologue allemande, Bitkom.

Pour elles, l’objectif est de faciliter la signature des premiers contrats et de soutenir le développement de leur business. " S’il n’y a pas de chiffre d’affaires, une levée de fonds ne sert à rien. Quasiment tous les patrons de startups avec qui nous avons interagi partagent ce constat. Pour eux, un gros contrat vaut une levée de fonds ", poursuit Guillaume Buffet.

" Un directeur d’achats va avoir tendance à remettre en cause la fiabilité d’une startup "

Pour autant, les entreprises innovantes rencontrent différents freins au moment de la mise sur le marché de leurs produits ou services. Celles qui travaillent avec des acteurs publics se confrontent notamment au cadre réglementaire qui régit les appels d’offres et la mise en concurrence. " Il y a aussi un sujet d’inquiétude et de politiques d’achat. Travailler avec des petits n’est pas toujours rassurant. Un directeur d’achat va avoir tendance à remettre en cause la fiabilité de l’entreprise ", souligne l’administrateur de Numeum.

En parallèle, les startups ont besoin que la contractualisation soit rapide. Ce qui ne correspond pas forcément aux politiques des organisations publiques. " L’Union européenne pourrait donc agir pour faciliter la signature de ces contrats. L’une des pistes que l’on suggère est d’assurer une contrepartie au client pendant les premiers mois de la collaboration. Afin qu’il soit certain que la société ne lui fasse pas défaut ", indique le représentant de Numeum, qui suggère la création d’un “fonds de garanties européen”. Pour les organisations professionnelles, ce soutien pourrait également passer par la mise en œuvre d’une stratégie de préférence européenne qui guiderait les acheteurs publics dans leurs choix technologiques.

Un cadre législatif homogène

Plus globalement, Numeum et Bitkom estiment que " l'Union européenne doit se doter d'une stratégie efficace ". Cette dernière pourrait consister à se concentrer sur quelques champions, qui bénéficieraient des 10 milliards d’euros de fonds prévus dans le cadre de “l’European Tech Champions Initiative (ETCI)” et des mesures européennes de soutien au business. " Grâce à un effet de ruissellement, l'ensemble de l'écosystème technologique pourrait ensuite en bénéficier ", soulignent les deux organisations.

Selon elles, la stratégie de l’Europe devrait se concentrer sur trois axes : un cadre législatif et réglementaire clair et homogène, des leviers qui incitent les grands acteurs publics et privés à devenir très tôt clients mais aussi un environnement de travail européen attractif, qui permettrait notamment de faire face à la pénurie des talents.

Autre enjeu : simplifier les démarches d’internationalisation pour les sociétés européennes qui cherchent à s’implanter dans leurs pays voisins. " Travailler en Europe est aujourd’hui plus compliqué qu’avec la Chine ou les Etats-Unis, il y a des obstacles partout. Nous suggérons par exemple de mettre en place un contrat de travail européen. Si nous voulons des champions, il faut forcément qu’ils soient internationaux ", estime Guillaume Buffet.

70 % des startups GreenTech et CleanTech sont européennes

Avec plus de 3.300 startups et scaleups dans l’univers GreenTech et CleanTech, l’Europe concentre déjà 70 % des startups mondiales du domaine, alors qu’elle ne compte que 64 % des startups et scaleups totales. " Cela démontre son avance en matière de transition climatique et environnementale. Nous pouvons être très bons dans certains domaines. Mais pour cela, il faut faciliter la commande ", insiste Guillaume Buffet.