D’ailleurs, elles aussi, ont à cœur de décongestionner le trafic et limiter la pollution. Si elle n’est pas l’unique levier, la data favorise la prise de décisions pour rendre nos déplacements plus simples et durables. 

La clé pour rationaliser la décision

Si l’offre de transport disponible, le temps imparti et le budget alloué au trajet étaient, auparavant, les seuls facteurs de décision de l’usager, l’affluence d’une rame, les émissions de CO2 entrent désormais en ligne de mire. "L'hyper Personnalisation, la granularité, l’anticipation dont on a besoin pour changer les usages et offrir les meilleurs services nécessite de la donnée" témoigne Eneric Lopez, directeur de l’IA chez Microsoft France

Hove, filiale digitale de Keolis, crée des services numériques pour aider d’une part les voyageurs à identifier le trajet le plus rapide, le plus calorivore ou le moins énergivore; et d’autres part les collectivités à piloter l’évolution des mobilités sur leur territoire  : “En 2019, les transports étaient à l’origine de 31% des émissions de GES et un des moyens pour y remédier c’est le report modal, le transfert des flux d’un mode de transport vers un autre moins carboné” explique Nicolas Cosson - Président de Hove.

Et pour encourager les voyageurs dans cette voie, la data est précieuse : “Les sources de données de transport sont nombreuses. L’enjeu, c’est de leur adjoindre, en temps réel et de manière prédictive, des sources externes enrichissantes à l’instar des informations météorologiques ou encore de voiries, d’hydrométrie et de rendre le tout interopérable dans des formats nationaux ou internationaux.” Il rappelle par ailleurs que les calculateurs d’itinéraires sont désormais dans l’obligation de donner l’empreinte carbone de chaque trajet et de proposer des alternatives.

Pour Aurélien de Meaux, CEO et co-fondateur d’Electra qui déploie des bornes de recharge ultra rapides, la data est tout aussi cruciale : "Pour implanter nos 2000 stations dont le coût d’investissement s’élève à plusieurs centaines de millions d’euros, il est nécessaire d’identifier les lieux les plus sensés. Des  données sur l’évolution du parc de véhicules électriques rechargeables (VR), le trafic moyen journalier annuel d’un axe, sa part VR ou encore la demande en kilowattheure projetés sur les 12 ou 15 années à venir, aident à rationaliser ces choix. Aujourd’hui, les études des projections à horizon 2030 donnent des résultats très variés et il faut encore défricher." 

Le data sharing au coeur de la transition énergétique

Pour implanter ses bornes, Electra analyse 4 flux d’informations. "L'INSEE, donne gratuitement les données d’équipements des habitats. Elles indiquent si les résidents disposent d’un parking privé ou s’ils devront s’alimenter sur une borne publique. La localisation des flottes B2B et le trafic organique de certains lieux comme les hypermarchés sont également analysés. Les données de trafic routier s’obtiennent plus difficilement, d’autant plus en zone urbaine. Dans ce cas, il nous faut acheter des données, auprès de TomTom par exemple” détaille Aurélien de Meaux.

Nicolas Cosson abonde dans ce sens : "Pour tracer les déplacements porte-à-porte, Hove achète également de la donnée GPS anonymisée à des applications. Les applications météo ou photo collectent des coordonnées GPS à 5 mètres près. Le traitement algorithmique détermine ensuite si vous avez borné dans une voiture, un bus ou encore sur une piste cyclable. Les déplacements sont reconstitués et des facteurs d’émission de CO2 sont appliqués. Les données de billettique peuvent également compléter. L’avenir de la mobilité décarbonée est au croisement de ces sources de données." Un savoir-faire qui permet à Hove d’accompagner les collectivités dans leur prise de décision et le suivi en continu de la trajectoire carbone de leurs mobilités. 

Pour respecter l’ambitieuse feuille de route de la France en termes de décarbonation pour 2030 et de neutralité pour 2050, tous s’accordent à dire que l’enjeu réside dans la mesurabilité de l’efficacité des politiques de transport des territoires qui foncièrement passe par la collecte et le partage de données. Des initiatives mondiales sont prises dans ce sens comme l’a rappelé Eneric Lopez : "La fondation Linux a lancé mi-décembre le projet Overture Maps Foundation qui vise à partager en open data de nombreux jeux de données cartographiques." Pour le directeur de l’IA chez Microsoft France :  "Tout le monde doit se saisir du sujet qui est aussi multimodal que nos mobilité doivent l’être.”