Contrairement à l’observatoire de la fintech - qui note un repli de la part des investisseurs dans le secteur de la fintech en 2022 - l’association France Fintech constate une hausse des montants investis. Selon la structure, qui représente 350 des 900 entreprises françaises, les montants levés par les startups ont augmenté de 28 % au cours de l’année 2022. Même si de grandes disparités ont été relevées : " Lors du premier semestre, les entreprises du secteur ont levé 2,2 milliards d’euros, note Alain Clot, président de France Fintech. Alors qu’au deuxième semestre, elles ont réuni 704 millions d’euros. ". Soit un montant trois fois moins élevé. Pour l’association, cet écart s’explique surtout par la position attentiste des investisseurs.

L’année 2022 a en effet été très contrastée. Si l’activité des business angels a doublé, celle des investisseurs internationaux, et notamment américains, a largement diminué. " Cela s’explique surtout par une grande incertitude au niveau macro-économique. L’année est globalement en progression mais le deuxième semestre montre une décélération ", détaille le président de France Fintech, qui se rapproche ainsi de l’analyse de l’observatoire de la fintech.

Des chiffres d’affaires en progression

Les chiffres d’affaires des startups du secteur ont globalement progressé, tout comme leurs recrutements. De 30.000 emplois en 2021, la fintech est passée à 40.000 cette année. " Les investissements en amorçage se sont également très bien tenus. Ce qui est encourageant puisqu’il s’agit des sociétés qui assureront la relève ", poursuit Alain Clot.

Si l’observatoire de la fintech notait une forte progression des entreprises spécialisées dans l’assurtech, pour France fintech, c’est surtout le secteur des services aux entreprises qui a évolué. " Les néo-banques, la cybersécurité ou les mesures d’empreintes carbone, se sont fortement développées ", note Kristen Charvin, déléguée générale de l’association. Le Web3 a également connu une progression satisfaisante. " En dépit de la faillite de l’entreprise FTX aux Etats-Unis, qui a ébranlé mondialement les valeurs de la crypto ", estime Alain Clot. Selon lui, la France a une bonne résilience sur ce marché et se positionne comme " le centre de la crypto en Europe. ".

27 % ont atteint leur point d’équilibre

L’association, qui reste prudente dans ses perspectives pour 2023, pressent quand même un “nettoyage du marché”. En effet, selon elle, les fondamentaux sont bons. " 27 % des fintech ont déjà atteint leur point d’équilibre alors qu’une grosse proportion sont encore très jeunes, elles ont accéléré à l’international et le volume des partenariats, avec les grands groupes bancaires et les assurances, ont continué à croître fortement ", énumère Alain Clot. L’incertitude des marchés conduit toutefois les entrepreneurs à la prudence. Alors qu’ils cherchaient des financements pour s’assurer 6 à 12 mois de fonctionnement, ils lèvent désormais des tickets leur permettant d’avoir 12 à 24 mois de visibilité.

Certains reportent leurs investissements ou réduisent leurs dépenses. " Le marché est en train de se purger, estime le président de l’association. On voit disparaître des modèles économiques peu viables et les valorisations excessives. Nous sommes plutôt confiants, le secteur devrait s’assainir et devenir plus solide. Même si le contexte global reste imprévisible. " .