Quel est le pitch de Sweep ?

Sweep est un éditeur de logiciels : nous proposons une plateforme de “carbon management” qui permet aux entreprises de mesurer leurs émissions carbone, de les gérer et surtout d’agir, en orchestrant la réduction de ces émissions. Nous leur permettons de le faire à l'échelle la plus large possible, à la fois au sein de leur business, mais aussi auprès de toute leur supply chain, car nous cherchons à prendre en compte toute leur chaîne de valeur, de la façon la plus précise possible, alignée avec la science et conformément à la réglementation.

Alors que de plus en plus d’entreprises s’intéressent au sujet de leur empreinte carbone, comment éviter le greenwashing, notamment avec les promesses de “net-zero” ?

Ne venant pas de ce milieu-là, je pensais que faire du greenwashing était facile. Donc c'est pour éviter cela, j’ai cherché à intégrer dans Sweep un maximum de garde-fous. Nous avons par exemple mis en place un scoring qui permet d’évaluer s’il y a assez de données, si elles sont suffisamment précises, actualisées régulièrement, etc. Le tout auditable au niveau le plus granulaire. Mais ce qui est impressionnant, c’est que toutes les entreprises avec lesquelles nous travaillons ont une vraie volonté de sincérité. Souvent, elles ont peur de ne pas être assez exhaustives. Mais il faut bien démarrer, se lancer, ça permet d’ouvrir le sujet, puis de corriger ce qui doit être corrigé et de s’améliorer.

De toute façon, il est en train de se passer pour le carbone et l’extra financier la même chose que ce qu’il s’est produit précédemment dans la finance. Aujourd’hui, la fraude financière est devenue très difficile : il y a de nombreuses règles, des reportings imposés, des auditeurs, des commissaires aux comptes et une vraie harmonisation des normes. Évidemment, si on veut frauder en finance, on peut toujours, mais c’est devenu beaucoup plus risqué, parce que les services financiers se sont structurés dans les entreprises et que les régulateurs veillent.

Quant au sujet de la “neutralité”, jamais nous ne permettrons à une entreprise de s’auto-proclamer “neutre en carbone”. C’est strictement impossible scientifiquement, notamment parce que le Scope 3 d’une entreprise est potentiellement infini. En revanche, il est possible de s’aligner sur la neutralité carbone mondiale. Il faut surtout que les entreprises comprennent qu’avant que le monde soit “net-zero”, il faut que chacun contribue au financement de projets bons pour le climat et réduise ses propres émissions. Le pas de temps est très serré. C’est maintenant.

Quel est le rôle à jouer par les pouvoirs publics dans ce processus ?

Il est difficile de vouloir qu'une entreprise pense à tout, sache tout, anticipe tout. Donc la réglementation est là pour accélérer les choses. Je pense que nous sommes incroyablement chanceux d'être en Europe, parce qu'il y a une vraie conscience des enjeux et du rôle de la réglementation pour que l'action climatique passe à l'échelle. Nous sommes sur un continent qui est vraiment très éduqué sur ces sujets et qui a le courage de réglementer. Aux États-Unis, il y a des choses qui bougent, mais il y a encore énormément de scepticisme.

Il faut aussi bien comprendre que la réglementation permet d'assurer sa souveraineté : c’est un véritable enjeu de souveraineté économique et de souveraineté de la data. Dans la finance, les normes IFRS nous ont été imposées par les Etats-Unis, parce qu'on ne s'est pas assez battu en Europe pour notre vision des choses.

Le thème de la Maddy Keynote 2023 est “Born to be alive” : qu’est-ce qu’il vous inspire ?

Il y a une certitude : face aux risques réglementaires, réputationnels et donc business, l’entreprise qui ne considère pas que son monitoring environnemental est vital prend un énorme risque. Si les dirigeants ne prennent pas ce virage de l’extra-financier plus général, leur entreprise ne sera plus là dans 10-15 ans. Une “forever company”, c’est une entreprise qui est capable de piloter cette transition de façon granulaire, pour s’assurer de sa durabilité dans le temps.