La Touraine est notamment connue pour son château du Clos Lucé dans lequel Léonard de Vinci a fini sa vie. Ce célèbre “polymathe” ou génie universel, autant artiste, ingénieur ou chercheur a d’ailleurs donné son nom à quelques kilomètres de là, à une structure de recherche et d’incubation créée en 2021 : le Da Vinci Labs. En plus de la proximité géographique, le lieu partage la même ambition de conjuguer plusieurs disciplines et plusieurs métiers pour faire émerger des futurs champions de la deeptech.

" Ici en Touraine, dans une région Centre-Val de Loire où pour le moment se développent le moins de projets liés à la deeptech en France, mais qui dispose d’un potentiel scientifique important avec un écosystème académique et de recherche de très haut niveau mais assez peu de passage à l’industrie ", explique Xavier Aubry, fondateur et directeur de ce lieu pas comme les autres

L’IA, le quantique et la biologie synthétique

Le Da Vinci Labs est convaincu que si l'innovation technologique peut avoir des effets dévastateurs sur l’environnement, " les progrès des connaissances et des technologies pourraient permettre d'atténuer, voire d'inverser, les effets des activités humaines ", souligne Xavier Aubry. Parmi tous les secteurs porteurs d’espoir soutenus, l'intelligence artificielle, la biologie synthétique et l'informatique quantique par leur effet de levier important et leur impact potentiel sur la société et l’environnement.

" Les technologies quantiques, car elles représentent la puissance de calcul du futur avec une consommation énergétique bien moindre ; l’intelligence artificielle et ce qu’elle permet en simulation pour d’aide décisionnelle ; la biologie synthétique et ses avantages pour l’environnement ", détaille Xavier Aubry. Le tout dans une approche interdisciplinaire, car forcément ces technologies peuvent se nourrir les unes des autres au lieu de rester en silos.

Levée de fonds, centre de recherches et accélération

" Savoir écouter, c'est posséder, outre le sien, le cerveau des autres ", disait Léonard De Vinci… Le lieu réunit donc centres de recherche et incubateur, chercheurs et entrepreneurs. " Il est toujours compliqué de se lancer dans un projet deeptech, dans lequel le temps de R&D est important, des compétences business sont nécessaires, des levées de fonds sont d’ampleur mais aussi parce que ceux qui quittent le monde de la recherche pour créer leur startup doivent ensuite répliquer leur environnement de travail hors de leur laboratoire ", observe Xavier Aubry.

Plusieurs portes d’entrée sont donc possibles. La première : la levée de fonds en pré-amorçage ou amorçage, auprès de financeurs privés ou publics européens, sachant que le Da Vinci Labs n’est rémunéré que si la levée est effective selon le modèle du success fee. Les équipes de recherche ont également la possibilité d’intégrer le centre pour des durées plus ou moins longues et profiter des installations.

Enfin, pour tous les projets qui entrent dans le champ quantique, un programme d’accélération spécifique est prévu avec un fonds doté de 10 millions d’euros : le Quantum Launch Pad, qui a noué des partenariats avec des universités dans d’autres pays comme le Canada ou les États-Unis.

L’Europe dans la course à la deeptech

La deeptech, par sa capacité à créer des produits ou des services sur la base d’innovations de rupture, est d’ailleurs fortement soutenue en France notamment par le Plan Deeptech. Doté d’une enveloppe conséquente de 3 milliards d’euros, il a pour ambition de faire de la France une référence mondiale en la matière, par l’émergence de 500 startups par an d’ici 2030. Bpifrance estime d’ailleurs que près de 250 startups deeptech ont été créées en France en 2021, soit une hausse de 26 % par rapport à l’année précédente.

Si les États-Unis et l’Asie ont pris de l’avance en matière de deeptech, la France et l’Europe ont quelques atouts à faire valoir. D’ailleurs, d’après une étude du Boston Consulting Group, les investissements européens dans les startups du secteur augmentent à un rythme d'environ 50 % par an. Selon Xavier Aubry, " l’Europe est en train de rattraper son retard en matière d’IA, est plutôt bien positionnée sur la biologie synthétique avec en plus une réglementation favorable grâce au Pacte vert et est en avance sur les technologies quantiques.".