Récession, plans sociaux attendus, chute du PIB... Les indicateurs économiques français ne sont clairement pas au beau fixe et les dernières restrictions décidées par le gouvernement ne devraient pas vraiment améliorer la situation pour les secteurs du tourisme, de la culture et de la restauration. Par sa nature, le numérique semble pour l'instant moins touché même si des indépendants souffrent, des startups ferment ou partagent des bureaux pour réaliser des économies. Certaines réalisent une levée de fonds pour pallier à un besoin de trésorerie avant peut être de devoir se résoudre à procéder à des licenciements.

Malgré cet environnement plutôt morose, Xavier Niel, revenu à la tête d'Iliad en janvier dernier, reste très confiant. "Dans trois ou quatre ans, on aura des startups qui vaudront plus de 10 milliards d'euros" , assure l'instigateur de Station F et soutien financier de centaines de startups, dans une interview aux Échos. L'entrepreneur va même plus loin expliquant qu'il suffit "d'une startup qui marche pour avoir un Gafa en France".

"Nous avons un écosystème incroyable, avec du talent, du financement et un nouvel état d'esprit d'entrepreneurs" renchérit l'investisseur, citant Snowflake — entreprise américaine fondée par des Français — et Dataïku, qui vient de s'implanter aux États-Unis.

Un terreau favorable malgré la crise

Pour justifier ce qu'il caractérise lui-même d'optimisme, Xavier Niel part de plusieurs constats, notamment la richesse de l'écosystèmes startups français. "Avant l'épidémie, l'économie française se portait très bien. La France est devenue le troisième pays au monde en nombre de créations de startups. Nous avons tous les éléments pour cartonner, c'est fantastique" , souffle-t-il.

Sans compter les financements qui eux aussi, se sont envolés en 2019. Selon le baromètre EY France, le pays affichait fin janvier 2020 un taux de croissance des financements dans la French Tech de 94% par rapport à l'année passée. Et malgré une baisse avérée au début du confinement (2 millions d'euros levés la troisième semaine de mars par exemple), les investisseurs semblent avoir repris du service. Entre septembre et mai dernier, trois startups ont fait leur entrée dans le club très privé des licornes français, Contentsquare, Voodoo et Mirakl, grâce à des tours de table de plus de 100 millions d'euros.

Mais ces grosses levées de fonds pourraient bien cacher les faibles investissements dans des structures plus émergentes, moins solides et moins rentables. Or, comme l'explique Xavier Niel lui-même, "nous n'avons pas encore un futur Gafa en magasin" et avant d'en trouver un, "il va falloir créer des millions de startups", afin aussi de limiter notre dépendance à des géants américains et asiatiques dans certains domaines.