A Paris, 4 millions de mètres carrés d’espaces de bureaux seraient vides. Et jusqu’à 20 % du parc immobilier d’Ile-de-France pourrait se vider d’ici 2030, soit 11 millions de mètres carrés. " Il y a eu trop de constructions par rapport aux tendances actuelles. Avec le télétravail et le flex-office, les locaux des entreprises ont tendance à se vider. Et leur volonté est plutôt de trouver des bureaux en plein centre, pas en périphérie. Ou bien des locaux-satellites, excentrés, pour leurs salariés qui veulent télétravailler ", contextualise Carolyn Prestat, à la tête de Fiveoffices.

Cette startup, fondée par Robert Glaesener, également cofondateur de Talkwalker, et Dan Schneider a donc créé une plateforme de partage de bureaux et de sous-location pour combler les espaces vides des sociétés.

Louer ses bureaux vides, un à sept jours par semaine

D’autant que, dans un contexte où le coût de l’énergie explose, elles sont de plus en plus nombreuses à vouloir monétiser leur espaces de travail inoccupés. En ligne, les sociétés peuvent ainsi proposer leurs bureaux à la location, durant un à sept jours par semaine, pour une durée allant de deux à 24 mois. " L’idée est de proposer une offre flexible et durable. Nous nous adressons surtout aux PME et aux startups qui sont en plein développement et ont vocation à s’agrandir. Ces entreprises vont par exemple louer des locaux de 300 m² pour repousser leur futur déménagement mais n’occuperont que les deux tiers de cet espace ", illustre la dirigeante qui cible également les entreprises en difficultés, cherchant à faire des économies ou celles réalisant des travaux, qui doivent déplacer une partie de leur équipe pendant plusieurs mois.

Fiveoffices fait ensuite le lien avec des entrepreneurs, en recherche d’espace de travail. " Nous voulons être une alternative au coworking, souligne la cofondatrice. Souvent, les entrepreneurs sont bloqués par des baux commerciaux qui peuvent être très longs ou ne peuvent pas accéder à certains espaces de travail partagés car ils sont trop chers. " La startup née en octobre 2022, qui compte déjà 45 000 m2 de bureaux à la location, veut ainsi proposer une offre accessible, avec des dates flexibles. " Les indépendants sont également une cible privilégiée mais ils ont pour l’instant plutôt tendance à aller vers du coworking, notre mission est d’éduquer ce marché ", estime Carolyn Prestat.

30% de croissance par an

Pour devenir un " réflexe, pour les entreprises comme pour les entrepreneurs ", la société vient de réaliser sa première levée de fonds. Un tour de table de 3,2 millions d’euros auprès de business angels. " Nous voulons nous renforcer à Paris et en Ile-de-France et devenir numéro 1 sur ce marché ", assure la dirigeante qui a déjà recruté 25 salariés en six mois et envisage d’augmenter encore ses effectifs de 6 personnes d’ici la fin d’année. Fiveoffices anticipe en effet une croissance du marché de près de 30% par an, liée à l’accélération des habitudes de travail des Français et à la mutation de l’organisation des entreprises depuis la pandémie Covid de 2020.

Grâce à ces fonds, l’idée est également d’amorcer son expansion à l’international. " Nous voulons notamment nous implanter à Londres, où les tendances sont les mêmes. Nous avons développé la plateforme en anglais pour cela ", poursuit la dirigeante qui envisage également un développement dans les grandes villes de France comme Lyon, Marseille ou Lille. Avec l’ambition, à terme, d’attaquer le marché américain. " Afin de nous imposer sur le marché de la location flexible de bureau, nous voulons rapidement nous implanter aux Etats-Unis ", assure Carolyn Prestat. Un objectif qui pourrait faire l’objet d’une prochaine levée de fonds.