38.670 chefs d’entreprise se sont retrouvés sans emploi en 2022. Un chiffre en hausse de 34,1 % par rapport à 2021 mais qui reste en deçà du niveau d’avant crise : " En moyenne, environ 50.000 chefs d’entreprise tombent tous les ans. En France, on estime que 4 entreprises sur 10 ne passent pas les 5 ans ", précise Anthony Streicher, président de l’association GSC, qui vient de publier ces chiffres, via son observatoire de l’emploi des entrepreneurs. Les résultats de l’étude laissent donc présager un retour au niveau d’avant crise. " Pendant deux ans, les chiffres étaient en forte baisse car le gouvernement a tout fait pour suspendre l’économie, via les prêts garantis par l’État, les reports de charges, les exonérations… Mais ces aides ont pris fin donc la hausse des défaillances est assez logique ", contextualise Anthony Streicher.

" De fortes probabilités que l’on dépasse le niveau de défaillances moyen "

Le point le plus préoccupant selon l’observatoire est que : " tous les facteurs passent au rouge en 2022. ". Mois après mois, l’étude révèle en effet une accélération des défaillances. Et celle-ci se poursuit en 2023. " En janvier et février, on recense 165 chefs d’entreprise en perte d’activité par jour, alors que la moyenne était jusque-là plus proche de 110. En 2022, nous sentions encore les effets des mesures gouvernementales. Mais il y a désormais de fortes probabilités que l’on dépasse le niveau de défaillances moyen ", estime le président de l’association GSC.

D’autant que tous les secteurs seraient repartis à la hausse, avec des augmentations parfois vertigineuses. La restauration est le domaine qui souffre le plus avec une hausse des fermetures d’établissements de 92 % par rapport à 2021. Les boulangeries pâtisseries voient également le nombre de défaillances augmenter de 90 %, et les salons de beauté ou de coiffure accusent une augmentation de 78 %. Les transports routiers et le bâtiment voient, quant à eux, les cessations d’activité augmenter respectivement de 46 % et de 38 %. " Pour l’immense majorité, il s’agit d’artisans ou de PME locales. Des sociétés qui emploient en moyenne trois salariés, pour un chiffre d’affaires de moins de 500.000 euros ", précise le responsable de l’étude.

" Difficultés de recrutement, inflation… "

Pour le moment, les tendances pour 2023 – 2024 sont incertaines. Notamment parce que le contexte rend les projections difficiles. " Il y a énormément de problématiques : le recrutement, l’inflation, le coût des matières premières, la disponibilité des pièces ou de la main d’oeuvre, les mouvements de grève qui s’intensifient… ", énumère Anthony Streicher, qui estime, à minima, que le nombre de chefs d’entreprises se retrouvant sans emploi devraient osciller entre 55.000 et 60.000 cette année. " Nous n’avons jamais connu de situation similaire, avec des signaux paradoxaux, nous sommes dans l’inconnu ", estime-t-il. Dans ce contexte, difficile pour les entreprises de prendre de bonnes décisions. " Cette complexité de lecture empêche l’anticipation, ce qui est d’autant plus dangereux ", indique Anthony Streicher, qui rappelle que lorsqu’un dirigeant perd son emploi, il n’a pas le droit au chômage.