Initialement, Maud Caillaux n’était pas destinée à lancer sa propre entreprise. Au début de ses études supérieures, elle n’avait d’ailleurs dessiné aucun projet professionnel : " Je me suis dirigée vers des études très généralistes où je pouvais étudier autant d’histoire et de français que de mathématiques et de sciences ", raconte-t-elle. Après sa prépa HEC à Dijon puis son master à l’école de management de Grenoble, la jeune dijonnaise cherche à tout prix une première expérience professionnelle dans le domaine du luxe. A force de détermination, elle y parvient. Elle fréquente alors de grandes maisons telles que Berluti et Dior. Un rêve de petite fille qui tourne au cauchemar. " Derrière les paillettes, la réalité est tout autre et je n’étais pas prête à troquer ma santé mentale contre l’espèce d’aura qui nous entoure lorsque l’on dit que l’on travaille dans le luxe ", explique-t-elle.

Face aux enjeux écologiques

Son expérience dans la mode s’achève au bout d’un an. En 2018, son plan de carrière prend un virage en épingle. La jeune femme, alors âgée de 24 ans, rêve de travailler et de vivre à l’étranger. Par le biais d’un contact à l’école de management de Grenoble, elle candidate à un poste… en banque. C’est un succès et elle s’envole alors pour New York. La banque n’est pas un coup de foudre mais, sur place, sa rencontre avec Andréa Ganovelli lui permet de redécouvrir les enjeux de la crise écologique. Le déclic était déjà là. " Je l’ai eu en écoutant un podcast d’Aurélien Barrau qui parlait du fait que la terre s’était réchauffée de seulement 5 °C en 3.000 ans et que cela avait suffi à faire fondre 3 kms de glace ".

En tant que femme, Maud Caillaux pense également à l’avenir de ses futurs enfants : " Aujourd’hui j’ai l’impression de ne pas avoir la possibilité de faire des enfants car ils risqueraient de ne pas être bien dans ce monde ". Et c’est parce qu’elle veut pouvoir leur dire qu’elle a " tout fait pour changer la donne " que la jeune femme s’est lancée dans l’aventure Green Got, enrichie par les valeurs inculquées par son père - la préservation de la nature et le respect des animaux – et celles de sa mère – l’ambition dictée par le " pourquoi pas moi ". " Je me suis consacrée à 100% à essayer de modifier, à mon échelle, le changement climatique ".

Inspirer les banques traditionnelles

Green Got, c’est une néo-banque née d’une réflexion commune avec Andréa Ganovelli et Fabien Huet : " Les banques dirigent les flux financiers et l’argent est investi dans des industries massivement liées à l’énergie fossile. Pourquoi ? Car le système financier actuel a été fondé à l’époque de l’évolution industrielle. Depuis, nous avons compris qu’il fallait arrêter mais nous sommes dans un Titanic et nous fonçons droit vers l’iceberg ". Elle l’assure : 4.000 euros dans une banque traditionnelle émet indirectement 2 tonnes de CO2 par an. Et depuis l’accord de Paris en 2015, les 60 plus grandes banques mondiales auraient alloué 4.600 milliards de dollars aux énergies fossiles.

Et puisque l’argent est le nerf de la guerre dans la lutte contre le réchauffement climatique, il est possible, depuis 2022, d’ouvrir un compte courant chez Green Got, " une banque qui n’utilise pas du tout d’énergie fossile ". Au contraire, elle investit dans trois projets : préserver l’Amazonie, dépolluer les océans et produire de l'électricité à bas carbone grâce aux énergies renouvelables. En quatre mois, 7.000 personnes ont déjà ouvert un compte courant chez Green Got. Une application leur permet de visualiser directement leur impact personnel et l’impact de la communauté. Prochaine étape : la création d’un compte épargne d’ici début 2023.

Pour cette initiative, la jeune franco-iranienne a été hissée dans la liste Forbes 30 under 30, en 2021 : " une récompense et une reconnaissance de notre travail extrêmement forte ". Mais le projet est encore plus grand. L’équipe de Green Got n’a qu’un but en tête : " Inspirer les banques traditionnelles. Si elles veulent rassembler des clients de notre génération et des générations suivantes, il faut qu’elles changent ".