2 mars 2022
2 mars 2022
Temps de lecture : 4 minutes
4 min
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Le gouvernement dévoile des mesures pour booster l'AgriTech française

Malgré un agenda bouleversé par la crise ukrainienne, le ministre de l’Agriculture et de l'Alimentation, Julien Denormandie et le Secrétaire d’Etat chargé du numérique, Cédric O, viennent de présenter les actions qui seront mises en oeuvre pour doper l’innovation dans l’agriculture française.
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Crédit : Orel Kichigai -SIA2022

Six mois après le lancement de la French AgriTech, Julien Denormandie et Cédric O ont présenté, à l'occasion du Salon de l'Agriculture, des mesures qui doivent permettre de faire de la France le "fer de lance de l’innovation en agriculture et en alimentation, au niveau international". Pour établir sa feuille de route, le gouvernement s'est appuyé sur les recommandations réalisées par la Ferme Digitale après plusieurs mois de travail avec les acteurs du secteur. 

Un label pour l'AgriTech

Le nombre d'AgriTech dans le FT120 se compte sur les doigts d'une main. Un chiffre bien faible au regard du caractère essentiel de l’agriculture dans nos vies et notre économie. Antoine Hubert, co-fondateur d’Ÿnsect et Paolin Pascot, co-fondateur d’Agriconomie, dont les entreprises font partie du FT120, regrettent d'ailleurs de voir si peu de sociétés AgriTech dans ce classement.

"Nous devons répondre à cinq enjeux de demain : nourrir mieux, avoir une énergie plus verte et plus locale, avoir un accès pour tous à l’eau douce, affronter la réalité climatique et enfin, faire vivre les agriculteurs", rappelle Paolin Pascot. Vu l’importance de l’agriculture pour l’avenir de l’humanité, on devrait "avoir au moins 20% d’AgriTech dans le classement" , estime le CEO d’Ÿnsect.

"Le classement du FT120 se base sur des critères mécaniques - comme la levée de fonds - qui ne correspondent pas à la réalité des entreprises du secteur" , rappelle Louis Fleuret, directeur adjoint de la French Tech. C'est pourquoi il a semblé essentiel au gouvernement de créer le label French Tech Agri20 pour faire émerger 20 pépites du secteur à fort potentiel et à fort impact , et les accompagner. "C'est un label mais aussi un programme", souligne Louis Fleuret. Un poste sera d'ailleurs créé pour le piloter. 

Accompagner les innovations de rupture

Chaque année 20 startups seront sélectionnées sur l’innovation qu’elles développent et les enjeux agricoles et alimentaires auxquels elles répondent. "Nous cherchons des innovations de rupture, qui ne sont pas forcément des DeepTech mais qui changent les chaînes de valeur et possèdent un très fort potentiel de développement" , poursuit le directeur adjoint de la French Tech. En retirant le critère de l’investissement de la sélection, le gouvernement laisse la porte ouverte à des entreprises encore jeunes, en quête de visibilité, de partenaires et de financements.

Sont ciblées : les startups numériques, industrielles et celles fondées sur le vivant. Tout en sachant que certaines entreprises entrent dans deux ou trois de ces catégories comme en témoigne Ÿnsect. L'ambition n'est donc pas de faire de ces pépites des licornes dans l'année mais de leur donner de la visibilité et leur attractivité auprès des financeurs. 

"Le FT120 est un label qui rassure les investisseurs et donne de la crédibilité" , souligne Paolin Pascot. Son petit frère aura ce même objectif et ce ne sera pas une mince affaire. "Il y a encore un gros travail d’acculturation à faire" , reconnaît l’entrepreneur. L’agriculture demeure un secteur particulier, soumis au contraintes du monde du vivant et de l’industrie, ce qui impose un temps de développement assez long qui ne correspondent pas forcément à la logique des fonds traditionnels.

Feuille de route

Le programme Agritech20 est une des briques sur lequel le gouvernement s'appuiera mais pas la seule. Le gouvernement a également dévoilé une série de mesures issues de la feuille de route " Agriculture et numérique " annoncée en janvier 2021. Ces actions entrent dans 7 catégories : 

  • La formation au numérique dans l’enseignement et le conseil agricoles
  • La mobilisation de la recherche sur le numérique agricole
  • L’évangélisation sur le partage maîtrisé des données agricoles
  • Un soutien dans l'industrialisation des AgriTech
  • L’appui aux entreprises créatrices d’équipements en matière réglementaire
  • La création de valeur par le numérique au sein de la chaîne alimentaire 
  • L’appui au développement de la French AgriTech pour qu’elle puisse construire les outils dont ont besoin les agriculteurs

Plus généralement, le gouvernement a défini cinq piliers d'innovation essentiels : faire de la French AgriTech une véritable marque; adapter la réglementation; améliorer le financement du secteur; accompagner les entrepreneurs à leur lancement et dans leur développement et les aider à expérimenter leurs solutions le plus vite possible.