Décryptage par Maddyness
11 juillet 2021
11 juillet 2021
Temps de lecture : 4 minutes
4 min
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Comment l'ex-CEO de Patagonia tente de protéger 15 millions d'hectares

De nouvelles perspectives sur le développement durable existent. Exemple avec Kristine Tompkins et son équipe qui acquièrent des terres au Chili et en Argentine pour les protéger et réhabiliter les écosystèmes locaux.
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© Journeys with Purpose:Satopia Travel

Traduction de l'article The former CEO of Patagonia is rewilding 15M hectares of land publié sur Maddyness UK

Kristine Tompkins est une pionnière de la protection d'écosystèmes à grande échelle. Après avoir travaillé chez Patagonia, elle et son mari, Doug Tompkins (1943-2015), l’ancien fondateur de North Face et d’Esprit, ont décidé de consacrer leur vie à la protection de la nature et de la vie sauvage.  Depuis le début de leur projet, 1,2 million d’hectares de terres ont été acquis et redonnés au Chili et à l’Argentine pour devenir ou agrandir des parcs nationaux. Grâce aux partenariats entre Tompkins Conservation, des mécènes et les gouvernements chiliens et argentins, six millions d'hectares ont pu être protégés au cours des trois dernières décennies. 

parc naturel patagonia

La bataille contre l’effondrement d'écosystèmes a débuté en 1991, lorsque Doug Tompkins acheta son premier ranch au Chili. Trois ans plus tard, en 1994, le couple réalisa une deuxième acquisition. Désormais, ces deux domaines appartiennent - avec d’autres terrains achetés plus tard - au parc national Pumalin. Propriété de l’État chilien, ce parc est parsemé de forêts tropicales, de montagnes, de volcans, de glaciers et abrite une faune tout aussi variée, allant des pingouins et des dauphins aux pumas et aux monitos del monte. 

On notera que l’acquisition de ces terres a été faite par le biais du Conservation Land Trust (fondé par Doug), majoritairement auprès de propriétaires absents. 

Les premiers projets ont été réalisés en vue de la création du parc Iberá en 1997. Kristine et Doug Tompkins ont également acquis un important élevage de bétails dans les zones humides d’Argentine. Bien des années plus tard, l'ancienne patronne de Patagonia a fondé la Patagonia Land Trust (devenu Conservation Patagonia) - une association caritative publique dédiée à la préservation de la biodiversité et à la création de parcs protégés. Cette dernière a permis de financer le rachat de près de 67 000 hectares de terres qui ont été redonnées aux parcs nationaux argentins. 

Plusieurs bien acquis par les Tompkins, y compris l'exploitation de bétail au sein d'Iberá Park, ont été transformés en espaces de cultures biologiques et durables. Les Tompkins se sont également rendu compte du potentiel d’une nouvelle forme de restauration des sols : la régénération. 

Plutôt que de laisser un terrain dans son état actuel, les espèces spécifiques et essentielles à l'écosystème sont réintroduites dans le but d’encourager la sélection naturelle, en favorisant la remise en place d’un nouvel écosystème et des cascades trophiques — un réseau complexe de chaînes alimentaires s'entremêlant au sein d'un écosystème. De ces relations de dépendance, entre prédateurs et proie, nait un impact, positif ou négatif, qui peut avoir une incidence sur tout l'écosystème.

Iberá est un projet exceptionnel, il s’agit en effet du plus grand parc national d’Argentine — qui compte pas moins de 688 000 hectares — dans lequel sept espèces "clés" ont été réintroduites dans le but de rétablir un écosystème stable. 

Les premiers fourmiliers géants ont été transférés dans le parc en 2007 - plusieurs décennies après leur disparition. Les jaguars ont été réintroduits cette année, mettant fin à 70 ans d’absence sur ce territoire. 

patagonia jaguar

Réintroduire un des plus grands prédateurs de la région permet une régulation naturelle des espèces qui broutent, dans ce cas, les cerfs pampas. Néanmoins, ce sont ces espèces qui accélèrent la sélection naturelle en consommant la végétation à croissance lente du paysage. Ce qui permet à la végétation à croissance rapide de prendre le relais et de régénérer le paysage plus rapidement. 

Iberá offre également de nombreuses opportunités d’emploi pour les populations locales, des biologistes aux zoologistes en passant par les services nécessaires au développement de l’écotourisme que le parc a pour ambition de développer. 

Les habitants sont fiers du succès de ce projet et de la notoriété qu’il a apportée à la région, ce qui facilite la lutte contre l’exode urbain des jeunes générations. 

Si vous souhaitez découvrir un tel projet de régénération, vous pouvez aller voir Journeys With Purpose et Satopia Travel. Si vous êtes particulièrement intéressé par Iberá, un séjour immersif de huit jours où vous pourrez donner un coup de main est organisé. Pour plus d’informations sur Tompkins Conservation, c’est ici.