Big Idea Ventures investit dans le domaine de la FoodTech. À travers ses investissements, le fonds vise à contribuer au développement de l’industrie croissante des protéines alternatives. Présent depuis quatre ans à New-York et Singapour, Big Idea Ventures a ouvert, il y a un an et demi, un nouveau centre européen à Paris. Maddyness a rencontré l’équipe qui y travaille.

Financer et accélérer les alternatives aux protéines

"Nous sommes l’investisseur le plus actif au monde en FoodTech avec 48 nouveaux investissements réalisés en 2022", introduit Henrietta Hearth, Vice-présidente accélération. Big Idea Ventures investit à l’international avec l’objectif d’accélérer le marché des protéines alternatives. À travers son fonds, New Protein Fund, la structure investit et accélère des startups en amorçage, du pré-seed à la série A, dans 3 catégories : les protéines végétales, la fermentation et l’agriculture cellulaire.

Deux fois par an, le bureau parisien sélectionne entre 5 et 6 startups early stage en Europe. Le fonds commence par investir un premier ticket de 200.000 euros. Les startups suivent ensuite un programme d’accélération où elles sont accompagnées pour travailler sur leur proposition de valeur, leur stratégie go to market, leur R&D et la préparation à la levée de fonds. "Nous choisissons un nombre restreint de startups, car le suivi est intensif. Pendant 5 mois, nous organisons des dizaines de workshops, des visites de sites de production et de potentiels futurs partenaires, des ateliers, des événements et un soutien stratégique avec chacune des startups", précise Henrietta Hearth.

À la fin du programme, le fonds peut réinvestir dans les meilleures startups avec des tickets allant jusqu’à 3,5 millions. "On ne lead jamais les tours d'investissement de nos startups après le programme. Nous considérons que nous ne pouvons être juges et partie après avoir passé autant de temps avec la startup. Ce n'est donc pas à nous de définir sa valorisation", partage Marion Bazille, Senior Program Manager Europe.

Le fonds a investi dans 22 pays dont 11 en Europe. Il compte, dans son portefeuille, 6 startups françaises, dont Gourmey, qui vient de lever 48 millions en série A, un record pour de la viande de culture.

Orchestrer un système qui favorise l’innovation

Parmi les Limited Partners, on retrouve des Family Offices, mais surtout des corporate de l’industrie agroalimentaire, comme les groupes français Avril ou Bel. "On peut établir des connexions pertinentes avec les startups. Dans la BioTech, le capital est essentiel, mais l’accompagnement pour scaler ces technologies l’est tout autant", commente Marion Bazille. "On croit à un système tripartite de l’innovation, avec les startups, les corporates et les investisseurs. Chacun apporte ressources et connaissances et nous sommes là pour aider cet écosystème à s’articuler", poursuit-elle.

Big Idea Ventures se définit autant comme un fonds d’investissement que comme un accélérateur. "De plus en plus de fonds montent des équipes opérationnelles et de plus en plus d’accélérateurs montent leur propre fonds. Nous, nous sommes depuis le début à 100 % sur le capital et sur l’accompagnement", affirme Marion Bazille.

Contribuer aux changements nécessaires des habitudes alimentaires

S’attaquer à l’alimentation, l’enjeu est de taille ! En France, par exemple, l’alimentation représente 22 % de l’empreinte carbone de la consommation totale et elle est le troisième poste le plus émetteur de gaz à effet de serre, après le transport et le logement. L’élevage semble responsable d’une bonne partie de ces émissions. Or, d’après l’Organisation des Nations unies pour l'alimentation, nous serons 10 milliards en 2050. La demande en protéines et son impact carbone pourraient donc augmenter considérablement. Changer nos habitudes alimentaires deviendra inévitable.

Mais les changements d’habitudes ne sont pas toujours aisés. "Ce n’est pas facile de changer de régime alimentaire après des millénaires de régime carnivore. Il faut trouver des solutions pour satisfaire les consommateurs et faciliter l’arrêt de consommation de viande. Les technologies peuvent aider à améliorer les textures, les qualités nutritionnelles et diminuer les prix de ces nouveaux produits", indique Henrietta Hearth. "Jusqu’à présent, les alternatives aux protéines traditionnelles concernaient un marché niche. Aujourd’hui, cela change complètement, on passe dans une ère industrielle", souligne-t-elle.

La prise de conscience et l’évolution des réglementations rendent les équipes de Big Idea Ventures optimistes. "Aujourd’hui, on a déjà de bons résultats en termes d’impact avec les protéines végétales, mais je suis certaine que sur le long terme, l’agriculture cellulaire ou la fermentation auront un impact encore plus significatif", conclut Henrietta Hearth.